Le glyphosate: l’herbicide omniprésent qui menace notre santé et notre écosystème
- infoannelaflamme
- 11 oct.
- 6 min de lecture

Suite au documentaire de Radio Canada publié le 6 octobre dernier portant sur les niveaux alarmants de glyphosate dans l'eau potable de nos villes au Québec, j'ai entrepris la rédaction d'un article résumant ce fameux "monstre mortel invisible" afin que vous puissiez en apprendre d'avantage sur son origine, son utilisation ainsi que sur l'ampleur du dommage causé par cet herbicide, autant au niveau de notre santé, mais aussi au niveau de la santé de notre nature, de l'écosystème.
Voici le lien du documentaire de RC: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2196849/glyphosate-eau-vigilance-ogm-herbicides-pesticides-sante
Le désherbant invisible de notre quotidien
Depuis plus de 40 ans, le glyphosate s’est imposé comme l’un des produits chimiques les plus utilisés au monde. Présent dans des centaines de formulations commerciales — dont le tristement célèbre Roundup — il est pulvérisé sur les champs, les pelouses, les vignes, les jardins et même sur les routes.
Ce produit, longtemps vanté pour son efficacité « miraculeuse », s’est aujourd’hui transformé en symbole d’une agriculture déconnectée du vivant. Derrière sa promesse de rendement et de facilité se cache un revers sombre: une contamination planétaire et des effets dévastateurs sur les sols, les insectes, les animaux et la santé humaine.
Les origines du glyphosate: de la chimie industrielle à l’agriculture mondiale
L'histoire et les débuts d’un désherbant « miracle »
Le glyphosate a été découvert en 1950 par un chimiste suisse. Ce n’est qu’en 1970 que John E. Franz, un chercheur de Monsanto, a compris son potentiel herbicide. La molécule agit en bloquant une enzyme essentielle à la croissance des plantes. Cette enzyme est absente chez les mammifères — ce qui a permis à l’industrie de la présenter comme «sans danger pour l’homme».
En 1974, Monsanto commercialise le Roundup, un désherbant à large spectre, vanté pour sa capacité à éliminer toutes les plantes non désirées sans affecter les cultures principales.
L’ère des OGM résistants
Dans les années 1990, une révolution agricole s’annonce: Monsanto met au point des semences génétiquement modifiées pour résister au glyphosate. Ces semences «Roundup Ready» permettent aux agriculteurs de pulvériser l’herbicide directement sur les cultures sans les détruire.
Le succès est fulgurant. En quelques années, l’usage du glyphosate explose. Selon les données de l’ONU et de la FAO, plus de 8,6 milliards de kilos de glyphosate ont été utilisés dans le monde depuis 1974, principalement sur le soja, le maïs, le coton et le blé.

Une contamination généralisée: du champ à l’assiette
Présence dans les sols, les eaux et l’air
Le glyphosate est désormais ubiquitaire. On le retrouve dans les sols, les nappes phréatiques, les pluies et même dans l’air ambiant des zones agricoles. Il se lie fortement aux particules du sol, mais finit par s’infiltrer dans les eaux souterraines et les rivières. Des études ont détecté du glyphosate dans plus de 70% des échantillons d’eau de surface en Amérique du Nord et en Europe.
Aliments contaminés
Les résidus de glyphosate sont retrouvés dans une large gamme d’aliments :
Céréales et produits transformés (pain, pâtes, biscuits)
Légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots)
Produits à base d’avoine et de blé
Vin, bière et miel
Même les produits issus de l’agriculture biologique présentent parfois des traces, à cause de la dérive des pulvérisations et de la contamination des sols.
Les effets néfastes du glyphosate sur la santé humaine
1. Perturbation du microbiote intestinal
Le glyphosate agit comme un antibiotique à large spectre, détruisant de nombreuses bactéries bénéfiques de notre flore intestinale. Résultat: déséquilibre du microbiote, affaiblissement du système immunitaire, troubles digestifs et inflammatoires chroniques.
2. Perturbateur endocrinien
Le glyphosate interfère avec le système hormonal. Des études ont montré qu’il peut altérer la production d’œstrogènes et de testostérone, influencer la fertilité et contribuer à certaines pathologies hormonodépendantes (cancer du sein, endométriose, troubles thyroïdiens).
3. Cancérogénicité
En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le glyphosate comme « cancérogène probable pour l’homme ». Plusieurs études épidémiologiques ont depuis mis en évidence un lien entre l’exposition chronique au glyphosate et un risque accru de lymphome non hodgkinien.
4. Atteinte du système nerveux et rénal
Chez les populations agricoles exposées, on observe davantage de troubles neurologiques (migraines, tremblements, troubles du sommeil) et une hausse des maladies rénales chroniques, notamment dans certaines régions d’Amérique centrale et d’Asie.
Des conséquences dramatiques sur l’environnement et la biodiversité
1. Appauvrissement des sols
Le glyphosate détruit les micro-organismes du sol essentiels à la fertilité. Les vers de terre, bactéries, champignons et mycorhizes disparaissent progressivement, entraînant une perte de vitalité et de structure des sols agricoles.

2. Déclin des insectes pollinisateurs
L’herbicide élimine la flore sauvage et les fleurs nécessaires à la survie des abeilles et papillons. Les études montrent une corrélation entre l’usage du glyphosate et le déclin des pollinisateurs, pourtant indispensables à plus de 75% des cultures vivrières.
3. Perturbation des écosystèmes aquatiques
Dans les rivières et les lacs, le glyphosate nuit au plancton et aux algues bénéfiques, entraînant un déséquilibre des chaînes alimentaires aquatiques et une diminution de la biodiversité.
4. Effets sur la faune sauvage et les animaux domestiques
Chez les animaux d’élevage, le glyphosate s’accumule dans les tissus et le lait. On observe des problèmes de reproduction, des malformations et une baisse de la vitalité. Chez les animaux domestiques (chats, chiens), des études suggèrent une contamination par l’eau et les aliments, avec des effets à long terme sur le foie et les reins.
Pourquoi son utilisation continue malgré tout?
Le glyphosate est devenu le pilier d’un modèle agricole intensif basé sur les monocultures, la mécanisation et la rentabilité à court terme. Sa vaste utilisation repose principalement sur des arguments purement économiques:
Réduction du coût de désherbage manuel
Facilité d’usage pour les grandes exploitations
Rendement immédiat plus élevé
Malgré les alertes scientifiques, l’autorisation du glyphosate a régulièrement été renouvelée dans de nombreux pays.
Comment réduire son exposition au glyphosate?
1. Privilégier l’alimentation biologique
Les produits biologiques contiennent jusqu’à 80 à 90% moins de résidus de pesticides. Même si la contamination croisée existe, le bio reste la meilleure option pour limiter l’exposition.
2. Varier les sources alimentaires
Alterner les marques et les origines géographiques peut réduire les risques d’accumulation. Privilégiez les petites productions locales non issues de monocultures intensives.
3. Laver et tremper les aliments
Faire tremper les céréales, légumineuses et fruits dans une eau légèrement vinaigrée peut réduire une partie des résidus de surface.
4. Éviter les produits ultra-transformés
Les aliments industriels concentrent souvent les résidus de glyphosate provenant des matières premières (blé, maïs, soja). Voici une liste résumant les principaux produits ultra-transformés faits à partir de ces matières premières:
Aliments à base de blé
Pains industriels: Pains de mie, brioches et pains blancs.
Pâtisseries et biscuits: Gâteaux, biscuits industriels et certaines barres tendres.
Céréales du petit-déjeuner: Céréales souvent enrichies de sucres, colorants et arômes.
Produits transformés: Certains plats préparés et soupes en conserve peuvent contenir du blé comme ingrédient.
Aliments à base de maïs
Sirop de maïs: Utilisé comme édulcorant dans de nombreux produits ultra-transformés, y compris les boissons sucrées, les céréales et les biscuits.
Huiles: Les huiles de maïs peuvent être utilisées dans des produits frits ou des plats préparés.
Amidon de maïs: Utilisé comme agent épaississant dans de nombreux produits transformés.
Croustilles et collations: De nombreux produits à base de maïs soufflé ou de farine de maïs transformée sont ultra-transformés.
Aliments à base de soja
Isolats de protéines de soja: Souvent utilisés comme additifs dans les substituts de viande, les soupes, les produits de boulangerie et les produits laitiers végétaliens.
Lécithine de soja: Un émulsifiant courant dans de nombreux produits ultra-transformés.
Substituts de viande: Beaucoup de substituts de viande ultra-transformés contiennent des protéines de soja modifiées.
Substituts de produits laitiers: Certaines boissons végétales ou yogourts véganes à base de soja peuvent être ultra-transformés en raison des ajouts d'agents texturant, de sucres et d'arômes.
5. Filtrer son eau
Les filtres à charbon actif ou à osmose inverse peuvent réduire les traces de glyphosate dans l’eau potable.
Soutenir la détoxification naturelle du corps
Bien qu’il soit impossible d’éliminer totalement le glyphosate, certains aliments et habitudes peuvent soutenir les organes émonctoires (foie, reins, intestins).
1. Soutenir le foie

Curcuma, chardon-marie, artichaut, romarin: stimulent la détox hépatique.
Hydratation abondante et consommation de fibres végétales comme les gaines de lin, les graines de chanvres, les légumes à fibres insolubles comme les épinards, les crucifères, la bettrave, le navet et les légumineuses favorisent l’élimination des toxines.
2. Protéger le microbiote
Consommer des aliments fermentés (choucroute, kéfir, kombucha).
Apporter des prébiotiques comme l'ail, les oignons, les poireaux, les asperges, les bananes, les pommes, les légumineuses (haricots, lentilles, pois chiches) pour nourrir les bonnes bactéries.
3. Favoriser la transpiration et l’élimination
Activité physique régulière et bains chauds aux sels d’Epsom aident à éliminer certains métabolites toxiques.
4. Des compléments naturels
Certaines études suggèrent un intérêt de la chlorelle, de la spiruline ou du charbon végétal activé dans la détoxification des métaux et toxines. Ces compléments naturels sont à utiliser ponctuellement et sous encadrement professionnel uniquement.

Retrouver le lien entre terre et santé
Le glyphosate symbolise les excès d’une agriculture chimique déconnectée du vivant. Son histoire illustre la difficulté de concilier productivité, économie et santé publique. Mais elle révèle aussi notre pouvoir d’action individuel et collectif.
Chaque choix — un repas bio, un produit local, une pression citoyenne — contribue à réduire la dépendance à ces substances et à restaurer les écosystèmes.
En reprenant conscience de l’origine de notre nourriture, nous donnons un pouvoir incroyable à notre assiette, nous redonnons à la terre, à notre corps et à notre santé leur juste place dans le cercle du vivant.
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